XIII éme siècle – reconquête n°1
Posté par LPBSM le 17 mai 2015
Bonjour,
Nous allons maintenant aborder le XIII ème siècle avec l’aboutissement du petit grain semé par Gerbert d’Aurillac (le pape Sylvestre II ; c.f.(*1) (http://lepetitsaintmartin.unblog.fr/2011/08/05/article-intermediaire-sur-lan-mil/) qui aménera Philippe II dit Auguste à reconnaître et à soutenir l’université de Paris car elle assurait la formation de tous les clercs, c’est-à-dire de tous les cadres et agents administratifs des institutions royales (conseil d’État, parlements, tribunaux, cours des comptes, impôts, etc…) et ecclésiastiques (enseignement, hôpitaux, libraires, recherche, évêques, abbés) .
Par la suite le pape Innocent III soutiendra également l’université en 1215, mais il n’a pas hésité à jeter l’interdit sur le royaume de France lorsque Philippe II auguste fait illégalement annuler son mariage avec Ingebruge de Danemark (1193) pour épouser Agnès de Méran (ou de Méranie) le ler juin 1196 .
Voir « Innocent III et les croisades » dans l’article de http://fr.wikipedia.org/wiki/Innocent_III
(*1) « c.f. » = Se reporter à . C’est l’abréviation de « confer« , mot emprunté au latin .
Portrait de Philippe Auguste peint par Louis-Félix AMIEL au 19éme siècle .
Philippe II dit « Auguste » hérite d’une situation difficile à la mort de son père Louis VII de France en 1180 qui avait contribué, dans un premier temps, au prestige de la lignée capétienne en participant à la deuxième croisade et en épousant Aliénor d’Aquitaine qui lui apporte la suzeraineté sur tout le duché accroissant le royaume de France d’un tiers de territoires .
Dans un second temps, en 1152 Aliénor a 30 ans ; c’est déjà « une vieille » pour l’époque (son père était mort à l’âge de 38 ans) et Louis VII (dauphin de Louis VI le gros quand il épouse Aliénor en 1137) n’imagine pas qu’elle puisse se remarier à cet âge avancé . Faute politique importante qui prouve à souhait qu’il ne connaissait pas bien le caractère persévérant de la reine (il est vrai qu’à cette époque chacun avait sa propre cour et ne se retrouvait que pour les banquets ou les cérémonies, ou pour faire des héritiers par devoir ; l’amour n’a généralement que peut d’incidence dans ces mariages d’héritages) .
Carte de France en 1154 et carte des duchés à la même époque
En 1152 le roi de France Louis VII répudie Aliénor, duchesse d’Aquitaine et comtesse de Poitou. Henri II s’empresse de demander la main de la jeune femme. Il l’obtient aussitôt et contrôle ainsi le sud-ouest du royaume de France . Car à cette époque, la grande Aquitaine comprend aussi la Gascogne, le Poitou, le Limousin, la Saintonge, l’Aunis et le comté d’Angoulême.
- 6 juillet 1189: mort d’Henri II Plantagenêt. Richard succède à son père .
- 1190: troisième croisade
Alors que l’absence de Richard s’allonge, Philippe Auguste prépare sa mainmise sur les possessions des Plantagenêts . Il profite de la succession de Philippe d’Alsace en 1191 pour contrôler l’Artois, le Valois et le Vermandois, permettant de couper les routes entre la Normandie et les Flandres. Apprenant la nouvelle de la captivité de son adversaire, il la communique à Jean sans Terre, qui tente alors de mettre la main sur l’Empire de son frère. En 1193, il arrive à Paris et prête hommage au roi de France en lui promettant de lui rendre le Vexin normand. De retour en Angleterre, il se proclame roi, annonçant même la mort de Richard, vite démentie. Les adversaires de Richard commencent à s’en prendre aux terres de ce dernier: le comte de Flandre commence à réunir une flotte en vue d’une invasion de l’Angleterre, Aymar d’Angoulême attaque le Poitou mais se fait prendre32. Philippe Auguste entame l’occupation du Vexin normand, prend Gisors, entre en Normandie avec Baudouin VIII de Flandre en prenant Pacy et Ivry, mais échoue devant Rouen défendu par Robert de Leicester. Aliénor et Hubert Walter empêchent Jean de mettre la main sur le pouvoir royal. Ce dernier se rend à Paris en janvier 1194, et décide de céder au roi la Haute-Normandie ainsi qu’Évreux, Verneuil et Le Vaudreuil, la Touraine, la seigneurie de Vendôme pour le compte de Louis de Blois, et la renonciation à toute suzeraineté sur le comté d’Angoulême pour le compte d’Aymar d’Angoulême. Apprenant la libération de Richard, Philippe Auguste se lance directement à la conquête des places normandes cédées par Jean33.
- 1196 : construction de Château-Gaillard
- 1199 : mort de Richard (coeur de Lion). Jean sans Terre succède à son frère .
Comté d’Anjou
Aliénor d’Aquitaine va immédiatement épouser le Comte d’Anjou, Henri II PLANTAGENÊT après sa …
(portrait d’Henri II à la mode de France)
… répudiation car le Comte Henri II, qui est devenu depuis peu roi d’Angleterre, s’empresse de demander la main de la « jeune » femme qui a déjà deux enfants . Il l’obtient aussitôt et contrôle ainsi le sud-ouest du royaume de France . A cette époque, la grande Aquitaine comprend aussi la Gascogne, le Poitou, le Limousin, la Saintonge, l’Aunis et le comté d’Angoulème .
En 1180, Philippe Auguste doit donc faire face aux appétits de ses voisins de l’ouest et du nord ( Othon IV,
Ferrand de Flandre, Thiébaud de Lorraine, Henri de Brabant, Guillaume de Hollande, Philippe de Courtenay-Namur et Guillaume de Longue-Epée), sans oublier le Comte de Boulogne, Renaud de Dammartin , ancien ami d’enfance de Philippe . Il lui faut impérativement s’assurer du soutien de la Bretagne pour se protéger de la remontée de l’Aquitaine et de l’Anjou réunies afin d’éviter d’être pris en étau sur le plan stratégique .
Même si la couronne de France est déjà prestigieuse, le roi ne contrôle directement qu’une faible partie du territoire . Pour la plus grande partie de son royaume, son autorité est relayée par de puissants grands vassaux que le petit roi d’Ile de France n’impressionne pas .
Le plus puissant d’entre eux est le roi d’Angleterre qui, en tant que duc de Normandie, comte d’Anjou, comte du Maine et duc d’Aquitaine, contrôle la plus grande partie du pays .
En 1213, Jean sans Terre est parvenu à former une coalition contre Philippe Auguste, avec son neveu Othon IV, empereur d’Allemagne, le comte de Flandre Ferdinand de Portugal dit « Ferrand », le comte de Boulogne Renaud de Dammartin, le duc de Brabant Henri de Louvain, le duc de Lorraine, et le comte de Frise Guillaume le Velu .
Lors des fêtes de Noël, il reçoit les leaders de la coalition et leur expose son plan :
- Dans un premier temps, les Anglais débarqueraient à la Rochelle et remonteraient vers Paris, afin d’attirer le Capétien au sud.
- Cela fait, Othon IV ( ou Othon de Brunswick) aurait le champ libre pour attaquer la capitale par le Nord .
L’armée capétienne serait ainsi prise en étau. Le plan est jugé excellent et on s’abandonne aux libations, en se partageant déjà le futur domaine conquis.
Voilà pourquoi le 17 mai 1209, Pierre de Dreux issu d’une vieille famille capétienne est armé chevalier par Philippe Auguste et dans la même année fiancé à Alix de THOUARS, qui n’a que 11 ans le 27 janvier 1213 (et qui deviendra Alix de Bretagne) avec l’acquiescement de Guy de THOUARS (? - 13 avril 1213 : Mort du baillistre du duché de Bretagne Guy de Thouars) et du Comte Alain Ier d’AVAUGOUR (1151-1212) dont elle était l’héritière .
En 1212, à la mort d’Alain Ier d’AVAUGOUR, son fils n’a que 7 ans . Philippe Auguste décide d’imposer Pierre de DREUX âgé de 26 ans qui sera baillistre du Comté jusqu’à la majorité de son fils Jean Ier dit « Le Roux » né en 1217 .
Le mariage n’est concrétisé avec Alix qu’en fin février 1214, et dans les jours qui suivent Jean sans Terre (Jean d’Angleterre) débarque à La Rochelle .
La longue préparation politique, programmée par Philippe Auguste, quand il privilégie le benjamin des DREUX, qui n’aurait jamais pu accéder au moindre héritage ayant un aîné, est psychologiquement très habile pour s’aliéner la fidélité de la Bretagne en misant sur la mort des uns et des autres et sur sa suzeraineté .
Si j’ose dire, pour les capétiens, il était temps !
Même si le fait de spolier de sa succession Henri II d’AVAUGOUR, du Comté de Penthièvre et de celui de Tréguier, en réduisant son domaine à la seule seigneurie de Goëlo, entaînera un conflit qui durera jusqu’en 1220 avec son tuteur Conan Ier de Léon, le Comte de Bretagne sous le nom de Pierre Ier prêtera main forte à Philippe Auguste contre Jean sans terre à la bataille de La Roche aux Moines le 2 juillet 1214 et tiendra cette position permettant au Roi de France d’aller stopper l’invasion de la coalition organisée par Jean sans terre en 1213 (Richard coeur de Lion est mortellement blessé le 6 avril 1199, par une flèche reçue au siège du château de Châlus et son frère cadet lui succède) .
A l’approche de l’armée française, Jean sans Terre décide de décamper le plus vite possible .
Dans son départ précipité, il abandonne tout sur place : ses machines de guerre et la plus grosse partie de son trésor, le tout tombant aux mains des français .
Aussitôt à l’abri, le roi d’Angleterre envoie un message à l’empereur Otton IV, lui donnant le signal d’attaquer car, dit-il, l’élite de l’armée française est retenue sur les bords de la Loire …
Bataille de la Roche aux Moines – Miniature du XIVème siècle
La bataille de la Roche aux Moines n’a pas de conséquences directes sur l’histoire, car elle est une bataille « préparatoire » . Les choses qui auront des répercutions à très long terme se joueront un mois plus tard à Bouvines . Cependant, cette bataille est très importante car c’est la manière dont elle a été menée qui détermine le rapport de force de Bouvines .
Côté anglais, on a eu ce qu’on voulait, ou du moins on croit l’avoir eu : le roi de France a apparemment donné tête baissé dans le piège et envoyé son armée loin au sud, dégarnissant sa frontière nord et laissant Paris vulnérable .
Côté français, on ne s’en tire pas si mal : avec une demie armée, on a stoppé la première invasion sans trop de mal . On a même capturé les engins de siège anglais . L’important dans ce dernier fait n’étant pas de les avoir, mais plutôt que les anglais ne les aient plus : sans eux, ils ne peuvent entreprendre un autre siège, leur expédition est donc bien stoppée .
Ce qui fait de cet affrontement une victoire française, ce n’est pas un siège levé, quelques engins de sièges et des coffres d’or capturés, ni même la fuite d’une armée anglaise restée somme toute intacte … c’est la demie armée française, elle aussi intacte, présente dans le nord et capable de s’opposer à l’invasion des coalisés … Si toute l’armée française avait été à la Roche aux Moines, Bouvines n’aurait pas eu lieu et le royaume aurait probablement été démantelé .
Pour revivre la Batailles de Bouvines en détail, cliquez sur : http://vivre-au-moyen-age.over-blog.com/article-14313128.html
Avec l’empereur Othon IV de Brunswick et le comte Ferrand de Flandre , qui attaquent le royaume de France en 1214 . La bataille entre les deux armées eut lieu à Bouvines . Vaincu, il est l’un des derniers à se rendre et refuse de se soumettre au roi de France . Philippe Auguste lui confisque ses terres, pour les donner à son fils Philippe Hurepel et marie celui-ci avec la fille de Renaud Mathilde de Dammartin. Renaud restera emprisonné dans la forteresse du Goulet jusqu’à sa mort en 1227 .
Pierre Ier de Bretagne soutient Philippe II Auguste dans son combat contre l’Angleterre, et combat avec le fils du roi (futur Louis VIII) à la bataille de la Roche-aux-Moines en 1214 contre Jean sans Terre. Il fait ensuite partie du corps expéditionnaire français qui débarque en Angleterre en 1216 pour aider les barons anglais contre leur roi. Malgré l’échec du prince Louis de France à s’emparer de la couronne, Pierre Ier de Bretagne entre en contact avec l’entourage du fils de Jean sans Terre, le futur Henri III, au sujet de la restitution de l’Honneur de Richmond, qu’il reçoit en 1218. Pierre Ier de Bretagne participe ensuite en 1219 à la prise de Marmande et au siège de Toulouse durant la croisade des Albigeois .
Après la mort d’Alix de Thouars (le 21 octobre 1221), Pierre Ier de Bretagne demeure régent (baillistre) du duché de Bretagne, au nom de son fils, le futur Jean Ier de Bretagne (1217-1286). De retour en Bretagne, il réprime en 1222 une révolte des barons bretons lors de la bataille de Châteaubriant (3 mars 12222) et récupère le fief de Ploërmel sur Amaury Ier de Craon (1170-1226), l’héritier de son frère Maurice III de Craon (1165-1207)10. En 1223-1225, Pierre Ier de Bretagne fait édifier un château-fort et une nouvelle agglomération qu’il dénomme Saint-Aubin-du Cormier, afin de tenir en respect les deux plus puissantes seigneuries du comté de Rennes, Vitré et Fougères .
Pour savoir qui a géré la ville de Rennes durant la gestion du comté de Bretagne par Pierre Ier, je vous donne déjà un indice de délégation à des sénéchaux dont les noms seront produits dans un article suivant .
A suivre …
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J.M. MARTIN pour LPSM
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P.S. :
Comme vous avez pu le constater, j’ai largement fait référence à « Wikipédia » dans cet article bien différencié de ma « police scripturale » .
Pour la Bataille de Bouvines du 27 juillet 1214 :
http://vivre-au-moyen-age.over-blog.com/article-14313128.html
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