La Rivalité des Comtes pour le duché n°2

Posté par LPBSM le 10 décembre 2012

La Rivalité des Comtes pour le duché n°2 chevalier-01


 

 

 

 


Bonjour,

J’ai estimé qu’un deuxième article serait plus souple pour raconter les difficultés que devait aborder une lignée de Comte devant accéder au titre de Duc .

Les divers changements qui s’opèrent dans la société bretonne au cours des X ème et XI ème siècles vont conduire à un changement radical des anciennes structures publiques aboutissant à la mises  en  place  de  sept

Comtés principaux, au XII ème siècle, dus aux différents mariages .bro-gernev-1er-comte-1008-1019

  • .Ici, déjà au Xème siècle, neufs Comtés sont bien distincts ; Bro-Waroch (au VIème siècle) ou Bro-Wened (pays des Vénètes avant) fut rattaché au duché jusqu’en 913 ( http://fr.wikipedia.org/wiki/Comte_de_Vannes) .

Le Comté de Cornouaille ou Bro-Guernev (le pays de Guernev)  provient du nom du premier Comte qui se rendit maître de la Cornouaille et qui s’appelait Guernev (1008-1019) .

Le Bro-Wened (pays des Vénètes du nom de la tribu gauloise ayant la même origine que ceux qui s’établirent à Venise) se transforma en Bro-Waroch lorsque  Waroch I (500 -550) réalisa sa conquête et le transforma en royaume de Broërec (même si dans la ville de Vannes se maintiennent cependant un comte franc et un évêque gallo-romain) et règne sur la région de Benetis (ancien nom de Vannes) ; mais c’est Waroch II (577-594), son petit-fils, qui pris Vannes en 578 et qui unifiera définitivement le bas Vannetais et le haut Vannetais ; par la suite ses successeurs se définirent comme Princes ou Comtes (sauf Morvan (750?-822?) qui revendiquera  le titre de roi des bretons en narguant le roi des francs, Louis Le Débonnaire) .
Rennes devient alors vers 585 la base arrière des ducs francs Beppolène et  Ebrachaire, chargés de soumettre Waroch II .  Waroch II tentera en vain d’imposer son fils Canao II aux Rennais …
.Le gwenn ha du (le drapeau breton moderne noir et blanc), est composé de neuf bandes, noires ou blanches parce que chaque pays y est représenté .
bro-wened
.Bro-Wened
Pour gérer ces grandes structures (les 7 grands Comtés principaux au XIIème siècle), va se mettre en place un système féodal où de petites seigneuries encadreront le monde marchand et le monde paysan .  Mais, retour de la médaille, le fait de confier des apanages (fiefs attribués à ceux qui étaient exclus de l’héritage  (le mot apanage vient du latin ad panem qui signifie « pour donner du pain » (panem)), va conduire à une dispersion du centre du pouvoir  .
.
.
carte-des-composantes-et-des-pays-des-grands-comtes-de-bretagne

Carte des composantes et des pays des grands Comtés de Bretagne

Les différents ducs qui se succéderont, auront bien du mal à se faire respecter de vassaux qui, parfois, auront l’envie de prendre leur place comme le prouve l’exemple de Conan II (1040-1066) qui doit subir le soulèvement de son oncle, Eudes de Penthièvre, du Comte de Cornouaille (Alain Canhiart 1029-1058) et d’autres seigneurs de moindre envergures .
Afin de vous y reconnaître dans ces successions qui ne durent que ce que la connaissance « médicale » peut permettre (et elle a tendance à faire mourir les patients en pratiquant systématiquement la saignée avec des instruments servant à la dissection des cadavres, quand ce ne sont pas des instruments de rasage, ce qui aggrave la possibilité de défense immunitaire qui aurait été disponible autrement), voici la liste des Comtes de Rennes qui se sont succédés pour essayer de garder la prédominance ducale et l’indépendance de la Bretagne jusqu’à Anne de Bretagne (1477-1514) http://fr.wikipedia.org/wiki/Comte_de_Rennes  .
.
Pour mieux vous faire comprendre les difficultés qu’il y avait de venir au monde à cette époque, alors que ceux que je vais donner en exemple semblent être les mieux lotis pour être le centre de toutes les attentions (surtout quand ce sont des héritiers mâles dignes d’assurer la succession), je vais évoquer le 21 novembre 1451, où Louis XI se rebelle à nouveau contre son père, en épousant contre le gré du roi (Charles VII), Charlotte de Savoie .  Cette princesse amènera en dot une fortune considérable, mais malgré ses nombreuses qualités, Louis la négligera au plus haut point .  Elle lui donnera tout de même 8 enfants (dont 5 survivront) et citer pour compléter l’exemple, Anne de Bretagne qui eut neuf enfants dont sept morts en bas-âge (en juillet 1492 un premier garçon (fils de Charles VIII) décéda d’une épidémie de rougeole en 1495 ; un second garçon mourut dès sa naissance en juillet 1493 ; le 8 septembre 1496, Anne accouche  d’un troisième garçon qui meurt le 2 octobre au Plessis ; de cette union naissent six enfants, tous morts en bas âge) .  Deux filles survécurent du second mariage avec Louis XII ; dont une avec une malformation identique à celle de sa mère .
.
.
le-nouveau-ne-de-georges-de-la-tour-1645-16481
.Le Nouveau-né de Georges de La Tour (1645-1648), Musée des beaux-arts de Rennes
.
Les matrones qui devaient s’occuper des nourrissons n’avaient aucune idée de ce qu’une bactérie pouvait représenter et les mouches (au mois de juillet) pullulaient passant de fientes des divers animaux jusqu’aux yeux des nourrissons sans que personne ne puisse comprendre qu’il fallait en faire la chasse (un travail épuisant) pour éviter une éventuelle contamination .  Je vous rappelle, entre autre, que le verre n’est réservé qu’aux vitraux des cathédrales et que les châteaux n’ont que des tentures masquant les fenêtres le soir, mais qu’on ouvre dans la journée et qu’on transporte ces tentures de châteaux en châteaux (voir l’article : http://lepetitsaintmartin.unblog.fr/2011/08/05/article-intermediaire-sur-lan-mil/) .  Ce n’est qu’au XIV éme siècle, en Normandie, que la première usine de « fenêtres » fabriquant du verre à vitre plat ouvre ses portes (Au début du XIVème siècle, naquit la première verrerie à vitre à Bézu-la-forêt dans l’Eure et les feuilles planes (« plats de verre ») inventées par Philippe Cacqueray) ; d’objet de luxe, le verre devient alors un produit utilitaire .    Aujourd’hui,  ceci est remis en question par certains archéologues ; voir  : http://cem.revues.org/1486. ; http://mpflimousin.free.fr/pdf/VerreJPP05.pdf. et http://www.infovitrail.com/verre/coulage-du-verre-plat.php, pour une vision plus technique .  Ce n’est qu’en 1698, au château de Saint Gobain, que Lucas de Nehou mis au point le coulage des glaces .  Ce n’est réellement qu’au XVII ème siècle qu’on voit apparaître l’abandon des meneaux en pierre pour celui des meneaux en bois (http://www.verre-histoire.org/colloques/verrefenetre/pages/p406_01_roussel.html) .

[L’usage du verre à vitre était connu des romains mais fut peu répandu dans l’architecture civile jusqu’au XVème siècle . On se prémunit du vent et des intempéries par des moyens rudimentaires : volets de bois, toiles cirées, peaux ou papiers huilés qu’il valait mieux protéger de grillages. Durant le Moyen Age, il y eut une longue stagnation du verre à vitre dans les maisons où les fenêtres dont la taille diminua n’étaient presque plus vitrées .  Au 17ème siècle, la fabrication du verre s’est faite par coulée sur une table, avec dimensions maximales des plaques : 1,5 m x 2 m . La Manufacture Royale des Glaces de miroirs a été créée en 1665 par Colbert, qui voulait que le verre soit fabriqué en France et non plus importé d’Italie, essentiellement de l’Ile de Murano près de Venise . La Manufacture s’installera en 1693 dans le village de Saint-Gobain dans l’Aisne, qui lui donnera son nom, conservé jusqu’à ce jour. Elle fabriquera en particulier en 1885 les 357 miroirs de la Galerie des Glaces du Château de Versailles .  L’utilisation du verre dans le bâtiment s’est développée aux 17 et 18ème siècles .  Au début du 20ème siècle, le verre était fabriqué par la technique du verre coulé et laminé : on tirait le verre à travers des rouleaux puis on le polissait, dimensions maximales : 3,5 m x 2,5 m .  En 1960 : le procédé FLOAT-GLASS a été inventé par PILKINGTON : le verre flotte au-dessus d’étain en fusion, dans le four de fabrication .  C’est la technique utilisée aujourd’hui . http://reveriedart.e-monsite.com/pages/techniques-et-histoire-du-verre/techniques-et-histoire-du-verre.html]


.verre-plat-du-ii-eme-iiieme-siecle

.Verre plat du II ème IIIème siècle ap-JC, a été trouvé dans les fouilles de Stonea Grange (GB) et est exposé au british museum à Londres. Il est translucide et d’une couleur naturelle bleu vert.

.
vitrail-cathedrale-de-chartres_redimensionner
.Vitrail de la cathédrale de Chartres début du XIII ème siècle
.
Une fois passé les premières affres de la contamination du nourrisson (surtout que le nourrissage au sein, se faisait avec des « servantes » qui ne pouvaient pas donner au nourrisson les éléments nécessaires à ses défenses immunitaires incluses spécifiquement dans un lait maternel très individualisé)il fallait aborder l’éducation plus axée sur les métiers d’armes et la chasse que l’enseignement de l’écriture  (Bertrand Du Guesclin (1320-1380)  ne savait ni lire, ni écrire : http://fr.wikipedia.org/wiki/Bertrand_Du_Guesclin) et fut nommé Connétable de France (chef des armées))  .
.
Les entraînements aux métiers d’armes étaient souvent source de plaies diverses entraînant des infections que les « médecins » de l’époque ne savaient guérir qu’avec les « saignées » (évoquées plus haut) et donc source de surinfection (http://www.tetue.net/spip.php?article227 et http://100associes.free.fr/Expo16/ExpoTemp16.html) .
.
la-saignee-par-le-barbier1
La saignée par le barbier

Il faut bien, réaliser qu’à cette époque l’espérance de vie était au maximum de 40 ans .  Il fallait donc se dépêcher de faire des héritiers mâles pour s’apercevoir, de temps en temps, que l’unique héritier était capable de se retourner contre son père [comme dans le cas de Charles VII et son fils Louis (qui deviendra Louis XI) qui Le 25 juin 1436, à Tours, épouse Marguerite Stuart, fille du roi Jacques Ier d’Écosse, alors âgée de onze ans, cette princesse devant décéder à l’âge de 20 ans en 1445, sans avoir donné d’héritier à son époux .  Cette union imposée par Charles VII visait à rapprocher la France de l’Écosse, son alliée traditionnelle contre l’Angleterre .  Ce mariage non voulu par Louis, qui n’a que 13 ans, l’opposera un peu plus à son père .  Cette opposition lui fera prendre la tête de la « Praguerie » (1440) à l’âge de 17 ans, aux côtés de seigneurs tels que les ducs de Bourbon et d’Alençon jugeant le Dauphin plus apte à régner que son père .  Cette révolte fut un échec et le roi « confia » à Louis le gouvernement du Dauphiné, ce qui était une façon élégante de l’éloigner de la cour et notamment de la favorite en titre Agnès Sorel que le Dauphin poursuivait de sa haine .  La trahison du dauphin s’expliquant par la répugnance de Charles VII à lui laisser un apanage ou un territoire à gouverner jusqu’à sa révolte .  Le dauphin vient à résipiscence (Reconnaissance de sa faute et résolution d’agir mieux)  à Cusset .  Charles VII fait distribuer des pensions aux seigneurs révoltés, récompense ses fidèles et confie à son fils le gouvernement du Dauphiné … ] .

Cependant, même arrivé à majorité (c.à.d. à l’âge de quinze ans) quand on est Comte de Rennes et qu’on doit devenir Duc, les Comtés de Penthièvre (apanage confié au frère d’Alain III), celui de de Porhoët (dominé par la puissante famille des Rohan), ceux de Tréguier, de Léon et de Cornouaille, se considèrent hors du domaine ducale et maîtres en leur « royaume » .  Seul, Alain III se montrera assez énergique pour s’imposer au grands (Marié en 1018 avec Berthe, fille du Comte Eudes II de Blois, il a deux enfants :

  • Conan, duc de Bretagne 1040 à 1066 sous le nom de Conan II,
  • Havoise de Bretagne, qui épousera Hoël de Cornouaille, qui succèdera à Conan II en 1066 sur le trône de Bretagne .
  • D’une concubine inconnue, Alain III laisse également un fils illégitime : Goeffroy Grenonat dit : le Moustachu, Comte de Rennes en 1066 .  Il restera Comte de Rennes jusqu’en 1084 où Alain Fergent, fils de Havoise de Bretagne et de Hoël de Cornouaille, l’assiège dans la ville de Rennes dont Goeffroy Grenonat avait fait renforcer les remparts en 1077) .

Son fils Conan II meurt le 11 décembre 1066 sans héritier .  Le duché passe donc de la maison de Rennes à celle de Cornouaille puisque sa soeur avait épousée Hoël de Cornouaille qui deviendra duc à sa mort sous le nom de Hoël II de Bretagne .

Cet article risquerait de devenir fastidieux si je devais décrire un par un les difficultés rencontrées par chacun des Comtes qui se sont succédés pour conquérir le titre ducal où après Pierre Mauclerc * (1187 – 1250) les ducs de Bretagne se comportent en vassaux fidéles des rois de France (des capétiens) .

* Son surnom de Mauclerc peut aussi faire référence à la relation conflictuelle qu’il entretint avec le haut clergé breton en général et l’évêque de Nantes en particulier .  Celui-ci ne voulait pas lui céder des terrains appartenant au clergé, qui étaient situés sous le tracé de la nouvelle enceinte de la ville .  Son surnom est attesté dès le milieu du XIII ème siècle et figure dans l’arrêt de Conflans (1341) .

pierre-ier-de-bretagne-ou-pierre-de-dreux-ou-pierre1
.Pierre Ier de Bretagne ou Pierre de Dreux ou Pierre Mauclerc sur un vitrail de la cathédrale de Chartres
.
Cette image est symbolique du bain culturel religieux qui s’imposera à la société bretonne jusqu’au XXème siècle, aussi bien sur le plan culturel (Ceux qui sont appelés aux plus hautes fonctions sont le plus souvent des moines (c.f. Gerbert d’Aurillac) et les précepteurs de la noblesse proviennent le plus souvent de l’abbaye de Cluny) que philosophique (Saint Augustin (354 -430) qui a été également le penseur le plus lu au Moyen-Age) .
Il pourrait paraître surprenant de nos jours, si nous ne tenions pas compte de cette importante imprégnation culturelle, de voir la majorité des Ducs de Bretagne terminer leur vie soit dans les croisades, soit dans des monastères ; et ce de leur plein gré .
.
.
Voilà, j’espère que cet article vous aura mis dans une ambiance XI ème – XII ème siècle malgré le peu d’information sur Rennes (sauf le renforcement des remparts en 1077 par Geoffroy Grenonat), tout en sachant que le duché restera, bon an mal an … (Employée au moins depuis le XVIIe siècle, cette expression se comprend aisément .  Elle a d’abord été associée à des activités répétitives sur une longue durée ; la ‘moyenne’ tient compte des bonnes et des mauvaises années qui se succèdent .  Ainsi en est-il dans un vignoble, par exemple, de la production de vin dont la qualité et le volume varient au fil des ans mais qui, bon an, mal an, restent sans grandes surprises, si les techniques n’évoluent pas, ni les surfaces cultivées .  Elle s’utilise maintenant beaucoup plus largement, même si la durée n’est plus un multiple d’années . 
Il ne faut pas oublier que ‘an’ vient du latin ‘annus’ qui désignait l’année mais aussi la récolte .  La variabilité de la qualité et du volume des récoltes dans le temps, a un très probable lien avec la naissance de l’expression)
, … rennais jusqu’en 1203 ; ce qui va nous faire aborder le XIIIème siécle .
.
.
Ceci est mon cadeau de Noël 2012  !
.
.
Bonne année 2013 à tous, nous entamerons nos plus de huit-cent ans d’écart dans un article suivant .
.
.
.
J.M. MARTIN pour LPSM

2 Réponses à “La Rivalité des Comtes pour le duché n°2”

  1. Bendig dit :

    I stumbled upon your blog’s url posted using a friend in Facebook. Be grateful for putting invaluable information on websites. It’s hard to find this stuff in these days.

    Traduction : « Je suis tombé par erreur sur l’URL de votre blog en cherchant à contacter un ami sur Facebook . Soyez remercier pour nous fournir ces informations inestimables sur le Web . C’est assez difficile de trouver ce genre de chose de nos jours . »

  2. ugg 偽物 dit :

    You made some nice points there. I did a search on the topic and found most persons will consent with your blog.

Laisser un commentaire

 

Hôtel le Renaissance |
De l'Orient |
Le savoir au service de la ... |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Dans un autre monde...
| Service à la personne 66
| Mais Pourquoi ?