Nouvel An … !
Posté par LPBSM le 31 décembre 2012
Au XII ème siècle, le nouvel an ne se célèbre pas partout de la même façon et surtout pas à la même date (En Normandie, en Anjou, dans le Poitou et à Lyon, on choisit la date de Noël pour faire commencer l’année civile) . D’où un casse-tête pour les clercs qui devaient administrer le royaume, faire payer les loyers, rémunérer les soldats voire les mercenaires, etc … .
.César marbre du jardin des Tuileries à Paris
Cela commence en 46 av JC, où Jules César impose le remplacement du calendrier lunaire, jusque-là en vigueur, par un calendrier solaire, dit « julien » (du nom de l’empereur, mais qui est surtout l’invention de l’astronome grec Sosigène d’Alexandrie) . Tout comme le calendrier actuel, il est divisé en 12 mois et 365 jours [une journée supplémentaire étant ajoutée tous les quatre ans (année bissextile)] . La différence entre l’ancien calendrier romain et le nouveau, c’est que le calendrier républicain n’a que 355 jours et qu’il est nécessaire de recourir à un mois intercalaire (supplémentaire ; Un mois intercalaire (mensis intercalis) de 27 jours était intercalé tous les deux ans . Cette intercalation avait lieu alternativement après le 23 ou le 24 février ; il se substituait aux quatre ou cinq derniers jours de février . Du point de vue des fêtes civiles et religieuses, les cinq derniers jours de février devenaient les cinq derniers jours du mois intercalaire . Celui-ci était appelé Mercedonius, parce que les mercenaires recevaient leurs salaires (en latin : merces) à ce moment-là. ) .
I | Martius | mars | 31 jours |
---|---|---|---|
II | Aprilis | avril | 29 jours |
III | Maius | mai | 31 jours |
IV | Iunius | juin | 29 jours |
V | Quintilis | quintile | 31 jours |
VI | Sextilis | sextile | 29 jours |
VII | September | septembre | 29 jours |
VIII | October | octobre | 31 jours |
IX | November | novembre | 29 jours |
X | December | décembre | 29 jours |
XI | Ianuarius | janvier | 29 jours |
XII | Februarius | février | 28 jours |
TOTAL | 355 jours |
Le premier jour de l’année, fixé au 1er mars, mois très important à Rome, car aux ides de mars (correspondant au 15 mars dans le calendrier romain) on élisait les consuls ; maintenant l’élection des consuls aura lieu au début de l’année qui est fixée au 1er janvier (date des nouvelles élections des Consuls de Rome) .
Ianuarius | 31 jours |
---|---|
Februarius | 29 jours |
Martius | 31 jours |
Aprilis | 30 jours |
Maius | 31 jours |
Junius | 30 jours |
Quintilis | 31 jours |
Sextilis | 30 jours |
September | 31 jours |
October | 30 jours |
November | 31 jours |
December | 30 jours |
TOTAL | 365 jours |
Mars (dieu de la guerre) était également le moment où l’on réengageait la soldatesque [le citoyen-soldat qui allait de nouveau avoir une solde s’il était trop longtemps éloigné de son domicile et ne pouvait pas faire ses récoltes (dès la fin du Vème siècle av JC le soldat perçoit une solde (trois « as » par jour pour le soldat et le double pour le centurion) . Mais une partie de la nourriture lui est retenue sur sa solde.) . Cependant, après la Réforme Marianique (- 107 avant J.C), l’armée devient une armée de professionnels . Les soldats recrutés reçoivent un salaire, et n’exercent plus que ce métier : ils sont soldats à part entière et l’équipement leur est fourni . Désormais tout le monde peut entrer dans l’armée romaine sur la base du volontariat, même si certains peuples ont des vocations spécifiques (Italiens pour les cohortes, Germains pour certaines troupes de cavalerie …) . Les soldats sont payés le jour de leur libération soit en argent (la plupart du temps), soit en dotation de terrains.] mais Mars correspondait aussi à la nouvelle sève avec l’arrivée du printemps (une nouvelle année de production démarre, car c’est le moment où commencent les travaux des champs ainsi que la reprise de la guerre. ) .
Maintenant c’est Janus, dieu des commencements et des fins, qui va présider à l’ouverture de l’année et à la saison de la guerre (les portes de son temple étaient fermées quand Rome était en paix) . Il est figuré avec un double visage, l’un regardant vers l’arrière et le passé, l’autre tourné vers l’avant et le futur, ce qui montre bien son rôle de passeur d’un état à un autre .
- .La double tête de Janus au Musée du Vatican
Cependant l’ancien calendrier républicain (par rapport à la nouvelle répartition du calendrier julien) a laissé des traces dans notre vocabulaire encore aujourd’hui : nos derniers mois de l’année actuels s’appellent ainsi octobre (de « octo », le huitième), novembre (de « novo » le neuvième) et décembre (de « decem » le dixième) alors qu’ils sont désormais les dixième, onzième et douzième mois de l’année .
Après la chute de l’empire Romain, la tradition perdure peu et l’habitude aidant, on revient vite au calendrier lunaire dans beaucoup de campagnes, car il semble plus adapté aux semailles et aux moissons .
Pourtant plusieurs tentatives de réformes eurent lieu : en 532, le Pape Libère, essayera d’imposer le 1er janvier comme date de la nouvelle année (sans grand succès), après avoir fixé, une fois pour toute, la date de la fête de la naissance du Christ au 25 décembre .
En France, le dimanche de Pâques, date de la résurrection du Christ (fixée en 325 par le Concile de Nicée), marque le plus souvent la nouvelle année .
Les cadeaux du nouvel an s’échangeaient ainsi au début d’avril, et la tradition du «poisson d’avril» reste encore habituelle à notre époque .
Cette plaisanterie d’avril tire son origine du Carême [les 40 jours précédant Pâques (qui peut tomber à 35 dates différentes du 22 mars au 25 avril)], où les chrétiens sont tenus de faire pénitence (pénitence entamée le mercredi des Cendres, pendant laquelle il est interdit de consommer de la viande et des oeufs) et donc dans l’obligation de manger du poisson (quoi d’autre?) . Or, passé Pâques, ils ne sont plus tenus que d’en manger une fois par semaine, le vendredi ; d’où cette malice d’offrir un poisson alors que l’on est autorisé à manger autre chose !
Voilà également l’explication du « Mardi gras », juste avant les privations, on faisait la fête, on mangeait et on buvait sans retenue . Souvent, la fête s’accompagnait d’un défilé déguisé où l’on se moquait des puissants, en se déguisant et en faisant des mimes .
En revanche, durant ces quarante jours, les poules n’arrêtaient pas de pondre ; les oeufs s’accumulaient . Voilà le pourquoi de cet usage d’une multitude d’oeufs à chercher dans les champs à Pâques .
En 1564, alors qu’il séjournait au château de Roussillon, Charles IX promulga l’Edit de Roussillon imposant le 1er janvier comme commencement de l’année civile . Il avait constaté que, selon les différents diocèses qu’il parcourait, l’année débutait soit à Noël (comme à Lyon par exemple), soit le 25 mars (Comme à Vienne), soit le 1er mars ou encore à Pâques, ce qui provoquait d’énormes confusions dans les échanges commerciaux . Afin d’uniformiser l’année dans tout le royaume, il ajouta un article à un édit donné à Paris en début janvier 1563 qu’il promulgua au château le 9 août 1564 (la peste étant déclarée à Lyon) .
.l’Edit de Roussillon 1564
Cet édit n’est entré en vigueur qu’en 1567, trois ans après avoir été promulgué .
Mais ce n’est qu’en 1582, sous l’égide du Pape Grégoire XIII, que cette pratique va s’imposer petit à petit au reste du « monde » catholique .
Cependant pour rester dans le XII ème siècle qui vient d’être abordé, la Fête des fous (http://fr.wikipedia.org/wiki/F%C3%AAte_des_Fous) était célébrée le jour de Noël, le jour de l’an ou de l’épiphanie (suivant les villes) . C’était un temps de liberté lors duquel les domestiques devenaient maîtres et les maîtres les domestiques . « La fête des fous est attestée de la fin du XIIe siècle à la fin du XVIe siècle, principalement dans les villes françaises. Elle peut être définie comme une mascarade de Nouvel An, à laquelle les ecclésiastiques participent activement. La confusion qui résulte de ce mélange entre les registres religieux et populaires de la fête a beaucoup contribué à sa mauvaise réputation.« (par Pierre-Emmanuel GUILLERAY, Ecole des Chartes thèse 2002) .
Voir également http://fr.wikipedia.org/wiki/Roman_de_Fauvel (gravure ci-dessous) .
- .La fête des fous extrait du Roman de Fauvel XIV ème siècle
Une autre fête plus contestatrice de l’église fut célébrée dans certaines villes la veille de Noël ou au cours des secondes vêpres le 25 décembre . C’était la Fête de l’âne . Une jeune fille pénétrait dans une église, pendant la messe, à dos d’âne et avec un enfant dans ses bras . Toutes les prières se terminaient alors par « hi-han! » . L’église a fini très tardivement par interdire ces célébrations qui prenaient parfois un caractère obscène .
A Beauvais, par exemple, le 14 janvier, un âne richement caparaçonné et monté par la plus belle jeune fille de la ville, tenant un enfant ou une grosse poupée emmaillotée, rappelait la fuite en Égypte . Ils étaient menés, avec grande escorte, de la cathédrale à l’église Saint Étienne, où le clergé les introduisait en pompe dans le sanctuaire . Ils y assistaient à une messe, en laquelle les réponses de l’Introït, du Kyrie, du Gloria in excelsis, du Credo, etc…, étaient remplacés par la modulation Hinhan trois fois répétée . Après l’épître, on chantait la Prose de l’âne (*) . La messe terminée, le prêtre, au lieu de dire : Ite, missa est, disait trois fois : Hinhan ; et le peuple, au lieu de Deo gratias, répondait trois fois : Hinhan .
Cette introduction de l’âne dans les cérémonies religieuses est mentionnée dès le IXe siècle . En certaines églises, elle constituait l’élément principal d’une fête spéciale ; en plusieurs autres, elle semble n’avoir été qu’un intermède plus ou moins compliqué de la Fête des fous . Même diversité sur le jour de la célébration et sur le souvenir attaché à l’animal, qui figure, tantôt en nature vivante, tantôt en décor ((*) à la fin de l’article sur http://www.cosmovisions.com/$Ane.htm) .
Mais aujourd’hui, ces pratiques moyenâgeuses n’ont plus cours et la Fête de l’âne Morbihannais à Saint NOLFF semble beaucoup, beaucoup plus sage (http://morbihanes.zic.fr/) .
Comme l’était cette autre coutume de la carte de voeux ; car c’est au Moyen âge que la carte de vœux fit son apparition . On envoyait alors un petit présent à sa famille en l’accompagnant d’une lettre de vœux peinte à la main . Cette habitude avait complètement disparu au XVI ème siècle avant de revenir en force au XVIII ème siècle .
Cette introduction va nous permettre, courant 2013, d’aborder le XIIIème siècle en Bretagne, ainsi qu’à Rennes et de constater que le quartier Saint-Martin n’évoluera guère durant cette période .
En attendant cette occurrence, nous vous présentons nos …
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J.M. MARTIN pour LPSM
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