Pourquoi Bretons ?
Posté par LPBSM le 21 octobre 2010
Bonjour,
Nous avons vu qu’à la fin du III ème siècle des raids continuels de pirates Saxons et Francs vont contraindre les populations gauloises et gallo-romaines à se réfugier derrière des remparts dans des villes fortifiées .
Reste des murs gallo-romains datés du IIIème siècle à Rennes
Les villages côtiers sont désertés et les friches, puis la forêt, reprennent le dessus sur les champs emblavés .
Une étude faite sur des carottages dans d’anciennes tourbières bretonnes a permis, en 1963, à l’équipe du professeur W. Van ZEIST (*1), en quantifiant les pollens fossilisés, de comprendre que le faible pourcentage des plantes herbacées liées à l’élevage marquait un déclin très important de l’activité humaine vers 295 .
Les Bretons, venus d’outre-Manche reprirent le défrichage en s’installant sur les côtes que la population armoricaine avait désertées, nous explique Pierre-Roland GIOT (*2) .
L’apport de ces deux études nous permettent d’éviter les polémiques des historiographes du XIX ème siècle entre Arthur de La BORDERIE, Aurélien de COURSON, et Joseph LOTH (1847-1934) qui s’affrontaient dans un article paru dans la « Revue celtique » en 1901 . Ces derniers nous sont plus familiers, aujourd’hui, comme avenue, rue et écoles ou lycée à Pontivy pour Joseph Loth(*) .
(*) Ne pas confondre avec Joseph LOTTE (1875-1914), l’ami de Charles PEGUY (1873-1914), dont deux écoles et une rue portent le nom à Rennes .
Les divers groupes d’émigrés brittons débarqués en Armorique forment d’abord des petites colonies entièrement autonomes, avec parfois les noms des fondateurs du clan en « gwi- », de maison en « Ker- » et ultérieurement « tre- » ou du nom de Saints patrons en « lan- », « plou- », « loc » .
Nous retrouvons aujourd’hui ces préfixes dans le nom de très nombreux villages bretons . Plougastel, par exemple, désigne l’existence d’un castellum dans ce village et n’est pas formé avec un nom de personne . Loctudy désigne l’église ou l’habitat de St Tudy . On remarque que, dans le Vannetais, les noms de paroisse en « Plou », de fondation bretonne, sont moins nombreux que les noms en « Ac », hérités des anciens fundi gallo-romains .
Au VI ème siècle les légions romaines ont abandonnée le terrain armoricain laissant à de petites armées la possibilité de s’établir ou de faire des pillages .
Les petites colonies brittonnes, qui deviendront bretonnes, doivent impérativement se regrouper pour entretenir une armée qui puisse les défendre .
Trois royaumes d’obédiences différentes apparaissent en armorique au milieu du VI ème siècle :
- La Domnonée au nord-ouest
- La Cornouaille au sud-ouest
- Le bro-Erec (Bro-Weroc) « le pays de Waroc (ou de Weroch) » toute la bretagne sud à l’est de Vannes
Dans ces trois royaumes la souveraineté passait de père en fils .
Aux portes des ces trois royaumes, le royaume Francs (Neustrie) n’aura de cesse de contrôler la Bretagne et de rechercher la vassalité de ses « rois » qu’ils appelleront « Comes » (comtes) . Les rois Francs, qui se sont toujours présentés comme les héritiers de l’administration romaine, considéraient les Bretons comme relevant de leur suzeraineté .
Mais si dans un premier temps différents rois bretons seront tués au combat (Morvan en 818, Wihomarch en 825) la Bretagne résistait toujours aux armées franques . En trois quarts de siècle sept expéditions militaires franques ont été dirigées contre les Bretons (753, 786, 799, 818, 822, 825, et l’expédition de 830 prévue mais qui n’aura jamais lieu) .
L’arrivée de Nominoë en 845, nommé d’abord duc des bretons, puis prince de toute la Bretagne, commencera à faire vraiment changer les choses puisqu’il infligera un grand nombres de défaites aux armées franques et à son roi Charles le Chauve en reprenant Rennes et Nantes .
Durant toute cette période, Rennes située sur une frontière mouvante, (entre Neustrie et Bretagne) passera plusieurs fois sous domination franque et autant de fois sous domination bretonne . Les petites garnisons laissées par les francs ou les Bretons dans la ville, ne permettant pas de résister à une armée en campagne .
Elle restera entièrement Bretonne entre 857 et 874 sous le règne de Salomon de Bretagne, dernier roi Breton qui fera l’unité .
Celui qui portera le titre de roi reconnu par Charles le Chauve à Angers en 851, sera Erispoë, le fils de Nominoë . Bien sûr dans l’esprit des Carolingien, la Bretagne n’a qu’un statut de royaume subordonné ; mais suffisamment puissant pour éviter une nouvelle confrontation directe avec les Bretons et une nouvelle défaite, puisqu’ Erispoë avait battu à plate couture Charles le Chauve le 21 et 22 août en 851 .
Voilà pourquoi et comment l’Armorique gallo-romaine est devenue le royaume de Bretagne .
Bien sûr l’histoire va continuer … mais dans l’article suivant … à suivre
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J.M. MARTIN pour LPSM
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(*1) W. VanZEIST, « Recherche palynologiques en Bretagne occidentale », Ed. Norois, 1963, p.5-19 .
(*2) Pierre-Roland GIOT, « Un aspect méconnu du déclin du Bas-Empire », Ed. Bulletin de la société archéologique du Finistère, 1977, p.97-98 .
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