Pax Romana
Posté par LPBSM le 4 septembre 2010
Nous sommes en 59 A.V. J.C. et Jules CESAR voit arriver la fin de son Consulat ; il doit impérativement se faire réélire pour conserver l’attribution de légions par le sénat romain .
De plus, pour échapper aux citations en justice que déposent le préteur Lucius Domitius Ahenobarbus et le tribun de la plèbe Antistius pour les illégalités commises pendant son mandat de Consul, il faut absolument qu’il retrouve un mandat car la loi « Memmia » interdit toute poursuite contre un citoyen absent de Rome pour le service de la République .
CESAR arrive à se faire élire proconsul pour les province de Gaule cisalpine, Illyrie et la Gaule transalpine . Cette mandature ne devait pas excéder un an, mais CESAR obtient le proconsulat pendant cinq ans . Il va donc obtenir quatre légions dans un premier temps, puis six légions .
Dès le début de son proconsulat CESAR s’engage dans la conquête des Gaules en 56 a.v. J.C. .
Ses objectifs sont triples et conflictuels :
- Obtenir un butin qui lui permettra de peser sur la politique romaine .
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Négocier avec les peuples gaulois, agriculteurs et producteurs de blé en excédent, pour qu’ils deviennent « clients » (c.à.d vassaux donc fournisseurs) de Rome ; ce qui devrait permettre à CESAR de se présenter comme celui qui a résolu le problème de l’approvisionnement en blé de Rome (problématique qui se renouvelle chaque année) .
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Revenir à Rome et défiler dans un triomphe encore plus éclatant que celui de POMPEE, qui reste son seul rival politique, en proclamant qu’en cinq ans il a, lui, réussi à pacifier les Gaules .
Voici pourquoi CESAR est venu faire la guerre des Vénètes et qu’il a eu, comme très souvent, une chance incroyable . Voir le très bon article de Wikipédia sur le sujet
carte des interventions de César
Les Coriosolites, participant à l’alliance des Vénètes avec les Esuvii, verront leur port (situé au pied de la tour « Solidor » ; une grosse tour romaine fut construite à cet emplacement au milieu du Ier siècle) de la Cité d’Aleth détruit, la cité incendiée, une partie de la population envoyée en esclavage et les grandes richesses accumulées grossir le trésor de guerre de César .
César n’avait pas besoin de pêcheurs mais de producteurs de blé .
restes de la cité Reginca (la Rance) 270-280, à St Malo
dont le mur d’enceinte était épais de 1,50 à 1,95 mètres, d’une longueur de 1800 mètres et qui comportait huit tours et deux portes Principales .
Ce vicus, remplacera la cité d’Aleth brûlée par les romains en représailles de leur alliance avec les Vénètes, mais surtout reprendra un rôle prédominant de civitas quand Corseul sera abandonnée dans la seconde moitié du III ème siècle .
La cité D’Aleth aujourd’hui vue du port de St Malo
Voilà comment et pourquoi des cités comme Rennes (Condate), Corseul (Fanum Martis), Vannes (Dariotirum ou Darioritum(*), Civitas Venetum ou Benetis) et Carhaix (Vorgium) vont être créées de toutes pièces et dotées d’un plan régulier avec des rues se coupant à angle droit (cardo et decumanus, à la manière des camps romains) ainsi que d’un forum .
(*) Darioritum (le gué tumultueux) est d’origine celtique comportant le préfixe gaulois dari-/ dario- (agitation-rage-tumulte) et le suffixe « ritum » qui veut dire le gué .
Certaines de ces cités seront même pourvues d’un temple (Condate, Fanum Martis), de thermes publics (Fanum Martis), d’aqueduc (Viorgium) et parfois d’une basilique(*) (Condate et Dariotirum) .
(*) La basilique est le lieu principal où se tenaient les réunions publiques nécessaires à l’organisation de la cité .
Ces villes ne se sont pas développées à partir de bourgades ou de villages gaulois . Les capitales Vénète (probablement située à Locmariaquer) et Coriosolite (Aleth) seront détruites et ne pourront vivre, dans les nouvelles capitales, que ceux qui accepteront la « pax romana » .
Ci-dessous la bataille de golfe du Morbihan en 56 a.v. J.C. où 220 navires vénètes se firent décimer par 100 navires romains . .
Les navires vénètes étaient beaucoup plus hauts et lourds que les galères unirèmes romaines (les « naves longae » propulsés par une vingtaine d’avirons trops légers pour affronter l’océan) …
Exemples de galères romaines avec les fameux corbeaux …
… qui permettaient l’abordage .
... les navires Vénètes profitant de leur supériorité pour attaquer les navires romains alors qu’ils étaient encore au mouillage espérant les couler en les éperonnant . Mais une soudaine chute de vent a fait que ce jour là, la marine romaine qui était prête à rompre le combat, a soudain pris conscience qu’elle avait une chance de l’emporter . Les étroites galères romaines (3 m de large et 45 m de long) pouvaient à loisir harceler les lourds navires vénètes et s’enfuir dès que le combat tournait en leur défaveur (Dion Cassius, Histoire Romaine, XXXIX, 40-43) .
« Les vaisseaux des ennemis étaient construits et armés de la manière suivante : la carène en est un peu plus plate que celle des nôtres, ce qui leur rend moins dangereux les bas-fonds et le reflux ; les proues sont très élevées, les poupes peuvent résister aux plus grandes vagues et aux tempêtes ; les navires sont tout entiers de chêne et peuvent supporter les chocs les plus violents . Les bancs, faits de poutres d’un pied d’épaisseur, sont attachés par des clous en fer de la grosseur d’un pouce ; les ancres sont retenues par des chaînes de fer au lieu de cordages ; des peaux molles et très amincies leur servent de voiles, soit qu’ils manquent de lin ou qu’ils ne sachent pas l’employer, soit encore qu’ils regardent, ce qui est plus vraisemblable, nos voiles comme insuffisantes pour affronter les tempêtes violentes et les vents impétueux de l’Océan, et pour diriger des vaisseaux aussi pesants . Dans l’abordage de ces navires avec les nôtres, ceux-ci ne pouvaient l’emporter que par l’agilité et la vive action des rames ; du reste, les vaisseaux des ennemis étaient bien plus en état de lutter, sur ces mers orageuses, contre la force des tempêtes . Les nôtres ne pouvaient les entamer avec leurs éperons, tant ils étaient solides ; leur hauteur les mettait à l’abri des traits, et, par la même cause, ils redoutaient moins les écueils . Ajoutons que, lorsqu’ils sont surpris par un vent violent, ils soutiennent sans peine la tourmente et s’arrêtent sans crainte sur les bas-fonds, et, qu’au moment du reflux, ils ne redoutent ni les rochers ni les brisants ; circonstances qui étaient toutes à craindre pour nos vaisseaux. »
— Jules César, Commentaires sur la Guerre des Gaules, III, 13.
De moins 51 a.v. J.C. jusqu’à nos jours, il nous reste bien du travail .
A suivre …
J.M. MARTIN pour LPSM
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